September 28, 2019

A Night to Remember

It is a beautiful September evening in Tennessee. It
has been a warm day and the evening is shaping up to be
red hot … Ray Charles is in town and he’s celebrating his
sixtieth birthday!

Cradled by the Mississippi, Memphis languishes in the
summer heat and it would seem that nothing can bring the
Tennessee capital to life. At the Peabody Hotel the ducks
have left the marble pond in the lobby and, waddling after the
Duckmaster, have taken the elevator up to their run on the
roof, where they will spend the night. As usual, their
procession was followed by crowds of tourists who had only
just poured out of Elvis’ Graceland home. But it is a whole
other King who’s going to prevent the city from succumbing
to sleep…
Unlike the rest of the town, at the corner of Main and Beale
(the famous blues street), a large building is coming awake.
Temple of music, the Orpheum Theatre seems to be
throbbing, gradually resonating with the crowd pressing
against its doors. In less than two hours these vibrations will
have become trance-like, and the 2000 lucky ticketholders,
making the Grand Lobby’s chandeliers tremble with their
singing and dancing, will enter into communion with the
Genius. For Brother Ray has chosen to celebrate his sixtieth
birthday in the capital of the Blues, and this is an evening that
will never be forgotten. Ray Charles is in top form,
surrounded by a myriad of exceptional musicians and singers
who are all just as frenzied as he is, determined to set the
Orpheum alight. An inferno fed throughout the evening by
increasingly dazzling versions of all of Charles’ classics,
taken up by a delirious audience who rose to their feet when
he came on stage and never sat down again. For just one
evening Ray has decided to forget his well-oiled and civilized
show … the set is wild, free, disrespectful, mingling jazz,
soul, gospel and rhythm & blues… the concert is spectacular,
epic, unforgettable. I know, I was there, and I’ve never really
gotten over it.

Jean Christophe Servant Rimbaud

Translated from the French by C. Hinton

Photos Credits : Christian Rose ©

 

 

 

A Night to Remember

C’est une belle soirée de septembre dans le
Tennessee. La journée a été chaude, et la nuit va être
brûlante… Ray Charles est en ville, et il fête son soixantième
anniversaire...

Bercée par le Mississippi, Memphis est plongé dans
la torpeur de l’été, et rien ne semble devoir réveiller la
capitale du Tennessee… Au Peabody Hôtel, les canards ont
quitté leur bassin en marbre du lobby et, suivant le
Duckmaster, ont pris l’ascenseur pour rejoindre leur enclos
sur le toit, où ils vont passer la nuit… La procession des
volatiles a été comme d’habitude suivie par des hordes de
touristes, tout juste sortis de Graceland, la demeure d’Elvis.
Mais c’est un autre King qui va empêcher la cité de
s’enfoncer dans la somnolence…
À l’angle de Main Street et de Beale Street, la célèbre rue du
Blues, un grand bâtiment, à contre courant du reste de la
ville, s’éveille… L’Orpheum Theatre semble émettre une
vibration, entrant progressivement en résonance avec la
foule qui se presse devant l’entrée de ce temple de la
musique. Dans moins de deux heures, la vibration sera
devenue transe, et les 2.000 privilégiés présents, chantant,
dansant à en faire trembler les lustres de cristal du Grand
Lobby, seront entrés en communion avec le Genius. Car
Brother Ray a décidé de fêter son soixantième anniversaire
dans la capitale du Blues, et cette soirée va rester gravée
dans les mémoires. Ray Charles est en grande forme,
entouré par un phalanstère de musiciens et de choristes de
haut vol, aussi déchaînés que lui et bien décidés à mettre le
feu... Un incendie alimenté tout au long de la soirée par des
versions de plus en plus hallucinées de tous les standards du
grand Ray, repris en cœur par un public en délire, qui s’est
levé à l’entrée en scène du Genius et ne s’est jamais
rassis… Car Ray a décidé d’oublier pour un soir son show
huilé, rodé, civilisé… Le set est sauvage, libre, irrespectueux,
entremêlant les thèmes jazz, soul, gospel, rhythm & blues…
la fête est grandiose, épique, inoubliable… Je le sais, j’y
étais, et je ne m’en suis jamais totalement remis...

Jean Christophe Servant Rimbaud


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